Prévention des risques au travail : du sur-mesure pour les services à la personne

Publié le 10/04/2013

Jeune, en cours de structuration, le secteur des services à la personne revêt des réalités complexes et hétérogènes. En Midi-Pyrénées, la Direccte a sollicité l’appui du Midact pour mettre en place et animer un dispositif de prévention des risques au travail. Entretien croisé avec Elodie Bonnet, attachée d’administration de l’Unité territoriale de la Haute-Garonne et Caroline Ragazzi, chargée de mission au Midact.

Quelle a été l’origine du projet?

Elodie BonnetElodie Bonnet : Pour comprendre cette démarche, il faut avoir en tête que la mission des services de l’Etat, dans le secteur des services à la personne, consiste à délivrer les agréments autorisant les organismes à intervenir auprès des publics fragiles. En parallèle, notre vocation est d’accompagner le développement du secteur, de concrétiser ce gisement économique pour donner naissance à des emplois de qualité. L’unité territoriale a impulsé la création d’un groupe de travail avec les partenaires sociaux, dans le cadre d’une démarche de branches. Ensemble, nous travaillons depuis 2006 à la production d’outils dédiés à la prévention des risques. Nous avons ensuite voulu conduire une action de terrain et avons fait appel au Midact pour nous aider dans cette démarche.

 

Caroline RagazziCaroline Ragazzi : A l’origine, nous avons répondu à la demande d’appui technique de l’unité territoriale, pour l’accompagner dans l’animation de son dispositif. Elle souhaitait avoir un retour sur l’utilisation des outils produits dans la démarche de branches. Nos échanges avec l’UT 31 et les partenaires sociaux ont permis d’identifier la nécessité d’une analyse de terrain des pratiques de prévention des organismes, pour pouvoir construire leurs actions de branches. À travers le recueil des points de vue des différents acteurs, c’est un débat qui s’est engagé sur leur organisation du travail et qui a ainsi alimenté la connaissance des partenaires sociaux de branches et de l’unité territoriale.

Vous évoquez une démarche de branches, au pluriel. Qui sont les acteurs du secteur ?

E.B. : Les structures peuvent relever du secteur associatif, du privé et/ou du public. Cela signifie que plusieurs conventions collectives coexistent, que les réseaux, les représentations et même les financements sont différents, alors que le métier technique est le même. C’est pourquoi nous avons opté pour la conduite d’une démarche de branches, qui nous a permis de surmonter ces difficultés d’approche. Mais la multiplicité des acteurs est un vrai enjeu pour le développement du secteur, on doit en tenir compte dans la conduite de nos actions.

Quelle a été l’approche du Midact ?

C.R. : Dans une première phase, nous avons réalisé des pré-diagnostics auprès de structures volontaires souhaitant bénéficier d’un regard extérieur sur leurs pratiques de prévention des risques. Nous avons recueilli les points de vue des dirigeant-e-s, des intervenant-e-s, ceux des responsables de secteur et des représentants du personnel. Ces entretiens ont permis la construction de préconisations restituées aux structures : nous avons repéré des difficultés à évaluer les risques et à les prévenir, des situations de travail difficiles mais aussi des organisations et des pratiques qui constituent des ressources. Après discussion avec les acteurs de la démarche de branches, des axes concrets de travail ont été choisis et sont actuellement évalués par d’autres structures, également volontaires.

E.B. : J’ajouterais que même s’il règne une réelle relation de confiance avec nos interlocuteurs, notre posture, qui est de faire respecter la réglementation, ne nous aurait pas permis pas d’aller aussi loin dans les échanges. Le Midact a joué un rôle décisif pour libérer la parole. C’est un tiers à la fois neutre et compétent pour aborder ces questions.

Quels sont les bénéfices que vous retirez de ce projet ?

C.R. : Nous avons travaillé avec des structures représentatives des multiples facettes du secteur– diversité de taille, d’ancienneté, d’organisation, de statuts, de métiers…- pour permettre, dans une phase à venir, un essaimage large de pratiques de prévention réalisables et d’outillage testé en situation réelle de travail par les structures elles-mêmes ! Le partenariat avec l’unité territoriale et son pilotage sont aussi l’un des facteurs clefs de succès de cette mission. Il nous a permis de mobiliser de petites structures, de discuter des analyses de terrain avec les partenaires sociaux de branches, et d’aller jusqu’au bout d’une partie des préconisations proposées.

E.B. : La démarche a permis un accompagnement fin, approfondi, pour envisager une diffusion d’outils adaptés à l’ensemble des organismes, avec un mode d’emploi pour s’en servir ! Deuxième atout : le travail sous forme de collectif, l’échange de pratiques dans un secteur où le travail est isolé et où les structures sont demandeuses de partage. Apports techniques et échanges sur les bonnes pratiques et les difficultés sont des vrais leviers pour avancer.

Propos recueillis par Valérie Ravinet

 

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