Recueil de nouvelles Aract Occitanie 2020

Publié le 15/04/2021
Recueil de nouvelles Aract Occitanie 2020

Recueil de nouvelles Aract Occitanie 2020

Auteur(s) :
Aract Occitanie
Auteurs participants au Concours de Nouvelles 2020
Nombre de pages :
192

Préface

Le travail

Définition du verbe Travailler : agir d’une manière suivie avec plus ou moins d’efforts pour obtenir un résultat utile. Utile ? Vous avez dit utile ? Là est la question, évidemment.
Que vois-je d’autre dans le dictionnaire ? 
Amour couvre un demi-page du petit Robert. Mort s’étend sur trois quarts de page et Travail sur presque deux pages et se termine en douceur sur : Travailloter. Comme dans nos vies, il en prend de la place le travail !

Pourquoi ai-je accepté d’être présidente du jury de ce concours de nouvelles ayant pour thème unique le travail, moi qui pratique ce métier indéfini, inconnu, bizarre, d’écrivaine ? Je n’ai pas hésité car j’ai mes raisons.
 1/ Héréditaires : famille d’ouvriers, père syndicaliste. 
2/ Professionnelles : La curiosité, moteur de l’écrivain, la recherche de l’humain de chair et d’émotions comme matériau du roman. 

Je peux dire que je n’ai pas été déçue ! Quelle richesse déployée au fur et à mesure de la lecture de ces nouvelles brèves et percutantes ! Oui, j’ai été littéralement percutée ! A elles toutes, elles forment une sorte de panorama, du bureau au chantier, de la rue au travail à domicile ou en open space, de l’hôpital au télétravail. Les lire m’a entrainée dans un monde où chacun se débat pour garder sa place, sa dignité, sa raison, sa santé, l’estime de soi. Une espèce de champ de bataille où chacun lutte en sourdine pour ne pas être éliminé. Avec, de temps en temps, bien sûr, des explosions de joie, de colère, de fraternité, de désespoir.

Ces explorations de l’univers du travail sont toutes un voyage à l’intérieur de la tête et du cœur d’un travailleur anonyme qui est loin de se réduire à la seule identité que lui confère son métier. Un DRH a des pensées humanistes, un livreur de pizzas a sa grandeur, un travailleur handicapé aspire à la beauté, une aide à domicile aime d’amour son travail mal payé.
Le monde du travail apparait dans les médias  à travers des chiffres, des rapports, des contrats. Ici, la fiction lui donne chair et distingue, parmi les innombrables rouages invisibles qui font marcher la machine, des individualités, des personnes. Cette mosaïque est composée de personnes.

Il y a des paradoxes dans l’appréhension du travail par le travailleur, et cela je l’ai observé très jeune. 
Le travail est à la fois supplice (trepalium) et fierté. J’ai vu mes parents cassés par le travail et fiers de travailler. La plus grande fierté était d’offrir son savoir faire, gratuitement, aux amis, aux parents. Le travail devenait alors cadeau et s’élevait presque au rang de l’art.  Est-ce un sentiment que notre époque connait toujours ou a-t-il disparu ?

Et puis, il y a le travail que l’on aime malgré la fatigue et le peu de reconnaissance, et celui que l’on ne peut pas aimer, pour lequel tout travailleur est interchangeable. Le travail qui dégrade. Certaines nouvelles abordent l’absence de sens du travail effectué et comment l’individu domine cette absurdité en la fuyant, en l’aménageant ou en trouvant en lui une force, une raison de continuer.
L’épidémie de Covid19, le confinement, le télétravail sont présents dans ces nouvelles et bousculent les routines et les esprits. Le recueil 2020 portera témoignage de cette époque de courage et de questionnements.

La nouvelle qui a obtenu le premier prix : Vague à l’âme, en plus de sa très belle qualité d’écriture, du suspens que l’auteur a su maintenir jusqu’à la fin, porte ce que l’on a trouvé dans presque  toutes les nouvelles proposées :  le désir infini de conserver son humanité au sein du travail par la créativité, l’aspiration à la beauté. Désir d’autant plus viscéral, vital, qu’il est porté par un individu qui ne parle pas. 
Le nombre toujours plus grand de nouvelles reçues par l’Aract n’est-il pas une preuve de cette aspiration à la créativité libératrice ?
Mieux que tout autre moyen d’expression, l’écriture dévoile ce qu’il y a derrière les apparences, ce qui est caché, muet, enfoui. Ce qui vibre et résiste. Ou craque en silence. J’ai lu avec amusement la phrase de mon camarade Serguéï Dounovetz : « Le travail c’est la santé, écrire c’est la conserver » et je reçois ces nouvelles comme des créations littéraires, certes, mais aussi des signaux de vie. Et d’alarme.

Merci de m’avoir offert cette plongée inoubliable dans le monde du travail.

Jeanine TEISSON
Présidente du jury 2020

Postface

Cette année-là

Janvier 2020
Encore un peu de neige pour skier dans les Pyrénées même si ce mois de janvier est le plus chaud depuis 1880. Certains en profitent pour mettre un pied dans la grande bleue ! Les festivaliers s’en donnent à cœur joie pour fêter la BD à Angoulême. Les britanniques se préparent au Brexit. Les candidats aux municipales se déclarent. Un tweet présidentiel peut produire des effets redoutés à l’autre bout de la planète. La forêt amazonienne est mutilée. Le procès de l’attentat de Charlie aura lieu dans quelques semaines. Premiers rapatriés de Wuhan : la chine tousse, le monde va-t-il se gripper ? Croissance faible en 2019, quels seront les effets pour l’économie en 2020 ? 

17 mars 2020
C’est fait ! La France est confinée. Les rues, les entreprises, les salles de spectacles, les rayons de pâtes se co-vident. 
Trop de vies perdues. Sidération, vies suspendues, vies bousculées, vies confinées. Pour se protéger, tous aux abris dans les foyers, regroupés autour des écrans pour travailler, pour se distraire ou pour étudier. Et demain ?
Des aides pour sauver les entreprises, des reports de charges et d’échéances fiscales, des prêts garantis par l’état. Et le travail ?

Le travail de ceux que l’on voit enfin. Depuis le temps qu’ils le disaient « urgences aux urgences ». Avec ou sans masques ? Nouvelles organisations recomposées à la hâte, gestes barrières et distances sociales. Le travail, ils et elles le feront et le font, pour soigner, secourir, nourrir, nettoyer… Les invisibles prennent la lumière. Concert de casseroles à 20h00 en hommage aux soutiers, enfin considérés, de nos vies en société. Pour combien de temps ?

Le travail de ceux que l’on ne voit plus vraiment, qui ne se voient plus vraiment, si ce n’est derrière des écrans qui s’allument plus tôt le matin et s’éteignent plus tard en fin de journée. Travail à distance, télétravail, management à distance, par écrans interposés. Visio-conférences, conférences téléphonées rythment la vie intensifiée de ses travailleurs du salon et de la salle à manger. 

La crainte aussi de celles et ceux qui sont en activité partielle (que certains, « bougons », appellent encore chômage partiel…), dont l’entreprise est fermée ou se repositionne sur d’autres productions, qui peuvent se former bien plus qu’en tout autre temps, mais ne sont pas tranquilles quant à la possibilité de retrouver leur travail… ou au moins un travail.

Bien sûr, cette année-là, c’est d’abord cette situation de crise sanitaire, économique, sociale, environnementale, mondialisée et sans précédent que les 220 participants au concours des nouvelles sur le travail ont abordé. Pour nous dire combien est précieux le travail bien fait de ces milliers d’invisibles. Ceux qui en dépit des effets de la rationalisation rendent notre société vivante, humaine, plus solidaire. Nous dire que la lumière bleue des écrans ne peut pas remplacer la chaleur humaine des rapports sociaux vécus in vivo. Combien nos différences peuvent être sources créatives pour un monde plus humain… le monde de demain ?

Frédéric DUMALIN
Directeur de l'Aract Occitanie, Délégué régional de l'Anact

 

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