Recueil de nouvelles Aract Occitanie 2022

Publié le 15/12/2022
Recueil de Nouvelles Aract Occitanie 2022 - couv

Recueil de nouvelles Aract Occitanie 2022

Auteur(s) :
Aract Occitanie
Auteurs participants au Concours de Nouvelles 2022
Nombre de pages :
165

Pour la 17e année consécutive, l'Aract Occitanie, en partenariat avec la librairie SAURAMPS, a organisé un concours de nouvelles sur le thème du travail. Ce Concours d'écriture, qui s'inscrit dans la programmation de la 19e édition de la Semaine pour la qualité de vie au travail (SQVT) a, cette année encore, rencontré un vif succès et les auteurs ont été nombreux à prendre la plume pour nous soumettre leurs productions.

Ce recueil offre à tous les lecteurs le plaisir de découvrir le regard particulier et surprenant que nos auteurs ont posé sur le monde du travail. Les nouvelles sélectionnées par le jury, présidé cette année par l'écrivain Philippe Castelneau, y sont réunies.

Bonne lecture !

 

Préface

Dire en posant des mots ce qu’on ne peut pas exprimer à voix haute, ce que parfois on retient au point de se faire mal. Décortiquer le matériau brut qui constitue la face la plus exposée de nos vies, cachant trop fréquemment qui nous sommes profondément. Écrire avec ses tripes, laisser les émotions surgir en trop-plein là où, à de rares exceptions près, elles sont jugées avec méfiance : le lieu où l’on exerce son métier.

Il serait caricatural de dépeindre le monde du travail comme celui de l’aliénation et de la souffrance. Pourtant, des quelques 120 nouvelles que nous avons reçues pour ce concours, des 34 sélectionnées pour figurer dans le recueil que vous tenez entre vos mains, beaucoup sont empruntes de noirceur. C’est que la plupart du temps, quelque chose cloche tout de même.

Ici, les mots cognent pour dire un réel qu’on feint de ne pas voir et qui cogne plus fort encore, laissant K.O. les moins armés pour se défendre. Les voix sont multiples, comme les situations, mais c’est toujours le même constat : on passe le plus clair de notre vie à la gagner, quand le plus souvent on voudrait s’évader.

La fiction est un exorcisme : le faux pour dévoiler le vrai. Les personnages peuvent être inventés, les entreprises, les lieux et les circonstances imaginées, les sentiments exprimés sont précis, révélateurs d’injustices, de mal-être ou de vérités trop régulièrement contenues.

La littérature est une invitation, elle est également un piège qui se referme sur le lecteur, le contraignant à reconsidérer le monde, son monde, à l’aune d’une réalité peut-être plus dure et plus crue : la vie des autres, celle de nos collègues de bureau, le personnel d’entretien, mais aussi le chef de service, la cadre dirigeante, tous ceux qu’on croise chaque jour, dont on feint de ne pas voir les blessures et les tourments.

« La nouvelle, c’est la flèche et sa cible aussitôt atteinte », a dit magnifiquement Horacio Quiroga. C’est peu dire que l’art du nouvelliste est difficile. Bien plus, peut-être, que celui du roman, qui permet le temps long, les digressions et les descriptions. La nouvelle s’autorise tous les genres, mais elle a l’obligation de faire mouche. Et elle ne pardonne pas. « Sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet », disait Baudelaire.

Les textes réunis ici n’ont pas été écrits par des professionnels du livre. On y trouve parfois des maladresses, mais la sincérité y est toujours présente, et elle brille par son intensité.

Il y a tout de même, bien sûr, dans les histoires de ce recueil, une dimension littéraire. Ce qui fait d’abord leur force, pourtant, c’est leur ancrage dans le réel ; l’emploi, sans artifices, de mots qui souvent sont ceux, prosaïques, du quotidien. Ce qui n’empêche pas le surgissement de la poésie. Au contraire ! Elle est là, toujours, la poésie, tapie derrière le banal de nos vies, les rituels chaque jour répétés, et c’est l’imagination et le talent des auteurs ici réunis qui nous la révèle : la littérature est un cri et elle est un chant, de désespoir ou d’amour.

Il y a un point commun, enfin, à tous ces textes : la question du sens qu’on donne au travail, et du sens de nos vies. « Que faire si nous ne pouvons plus avancer ni reculer ? Déplacer notre attention », a écrit Bruno Latour. La littérature, qui est tout à la fois un partage d’expériences et de ressentis, est le lieu qui permet ce déplacement de l’attention.

Elle nous est indispensable, parce qu’elle apporte du relief à nos existences.

Des 34 textes présentés ici, trois ont été élues par le jury : La 123, d’Olivier Pion ; L’infirmier sous les tropiques, d’Aurélien Régis ; Deux sucres, de Milly Adret. Trois prises de parole fortes, et fort différentes, qui nous ont séduits, touchés ou surpris. Mais l’important n’est pas là, il est dans la diversité des voix, dans la richesse des histoires qui nous ont été proposées, que nous vous offrons à notre tour de lire.

Philippe CASTELNEAU
Président du jury 2022

 

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