La Boîte Noire pour une meilleure conduite des transformations digitales

Publié le 12/01/2022

Souvent présentées comme seule voie de progrès technologique, les transformations numériques du travail sont trop souvent encore envisagées du seul point de vue de l’expérience-client. Pour évaluer l’intérêt et les risques liés à ces changements, les transformations digitales gagneraient à être débattues avec l’ensemble des acteurs concernés. C’est sur cet aspect que veut agir la Boîte Noire.

Que ce soit dans le domaine de la santé, des services ou de l’agriculture, ou se diffusant des grands groupes industriels aux TPE, les outils et applications numériques investissent le quotidien des travailleurs. Au-delà des bénéfices attendus pour l’usager ou le bénéficiaire, on mesure parfois mal l’impact que ces nouvelles solutions du numérique ont sur le contenu du travail et les pratiques professionnelles.

Mettre en discussion

Dépasser les idées reçues et expliciter les enjeux d’un projet de transformation numérique est toujours une condition nécessaire à la réussite de ce changement.
En s’appuyant sur la Boîte Noire, l’ensemble des acteurs de l’entreprise est amené à s’exprimer sur ses attentes, ses craintes et ses besoins. Chacun peut confronter son activité professionnelle aux évolutions induites.

Impliquer les salariés dans le changement

Nous avons tous fait l’expérience d’outils numériques inadaptés. Incompatibles avec notre pratique, ils s’avèrent en définitive inutilisables, affectant tant la performance que les conditions de travail.
Sorte de « boîte noire » pour les futurs utilisateurs, le projet de transformation numérique a tout intérêt à être confronté à une délibération collective. Cet exercice permet d’évaluer son utilité pour les différents acteurs concernés (direction, techniciens, opérationnels, encadrants, élus du personnel, prestataires, utilisateurs et clients) mais aussi son intérêt au regard de l’organisation et des modalités de travail (coopération, qualité de la production, efficacité…). Enfin, il permet d’identifier les risques éventuels inhérents à la technologie mobilisée.

De l’intérêt d’ouvrir la Boîte Noire

Boite Noire - mini

Explorer l’ensemble des aspects de la digitalisation des processus de travail présente de nombreux avantages et conditionne souvent sa réussite et pérennité.

  • Confronter le changement avec l’activité réelle permet en effet de repérer les incohérences ou de déceler d’éventuels écueils dans le projet initial, quitte parfois à en modifier le sens.
  • L’opportunité donnée à chacun de faire entendre ses craintes et ses besoins lève les oppositions infondées et valorise l’expérience et le savoir du travailleur. Elle favorise en outre l’appropriation par tous du changement. 

Ouvrir la Boîte Noire des transformations numériques permet en définitive de « fiabiliser les investissements et d’adapter la transformation numérique aux femmes et aux hommes au travail, plutôt que l’inverse1 », rappelle Vincent Mandinaud, qui pilote l’action sur
les conditions d’usage des outils numériques pour l’Anact dans le cadre du Plan Santé Travail.

Comment fonctionne la Boîte Noire ?

La Boîte Noire sert de guide pour analyser un projet de transformation digitale que ce soit en amont du projet, en phase de conception, ou à postériori, dans la phase de mise en œuvre et d’ajustements. Outil conçu comme un support au débat, la Boîte Noire est structurée autour de 6 dimensions :
 

  1. Utilisabilité : En quoi les outils digitaux sont-ils utilisables ? Dans quelle mesure leurs usages facilitent-ils le travail ?

Comment l’outil numérique s’adapte-t-il aux besoins réels de l’activité de chacun·e ? Que permet-il, qu’empêche-t-il ? À ce stade, l’objectif est de faire émerger les fonctionnements et dysfonctionnements réels ou envisagés et de prendre en compte l’expérience réelle du travail.
 

  1. Utilité, à qui et en quoi les projets digitaux sont-ils utiles ?

Se poser collectivement la question de l’utilité de l’outil ou du projet, c’est identifier les opportunités et les risques pour les différents acteurs concernés : direction, services techniques et opérationnels, encadrement, travailleurs, prestataires, utilisateurs et clients.
L’objectif est d’expliciter ces enjeux en partant de ce que le projet ou le nouvel outil transforme dans l’activité de chacun.
 

  1. Intelligibilité, quelle compréhension du projet les acteurs partagent-ils ?

Les raisons de la mise en œuvre du projet, les objectifs poursuivis et les choix opérés sont rarement discutés. Un travail participatif s’impose donc pour débattre des tenants et aboutissants d’un projet. 
Les échanges permettent d’aboutir à une compréhension partagée des finalités, des moyens disponibles, des impacts probables et la façon dont ceux-ci sont gérés, etc.
 

  1. Discutabilité, quand, avec qui, de quoi et comment discuter du projet ?

La possibilité de débattre collectivement des conditions d’implantation des nouveaux équipements, des changements liés au projet est ici évoquée. La participation active des travailleurs est à articuler avec les espaces de dialogue social.
L’objectif est la prise en compte du travail et de l’expérience-travailleur dans les processus de décision, de négociation et de conception du projet.
 

  1. Adaptabilité, qu’est-ce qui est adaptable, ajustable, modifiable dans les outils ?

Cette dimension interroge le caractère modifiable, ajustable et adaptable du projet, des technologies et de l’organisation. L’attention doit porter sur :

  • le projet : ses orientations, sa structuration, sa temporalité, etc. ;
  • les outils technologiques : choix de conception, adaptations possibles, etc. ;
  • les choix organisationnels et les collectifs de travail ;
  • les investissements/ressources dégagés dans le cadre du projet pour combler les asymétries.

Les ajustements nécessaires ou souhaitables pour tous les acteurs sont identifiés. Ces ajustements concernent le projet, sa mise en œuvre et les outils.
 

  1. Accessibilité, comment le projet et ses ressources sont-ils rendus accessibles ?

Toutes et tous ne sont pas égaux devant le numérique. Des difficultés de prise en main peuvent survenir. Cette dimension questionne donc les besoins de chacun pour faciliter l’accès et la prise en main des outils.
En questionnant cette dimension, on s’assure d’identifier les ressources techniques et socio-organisationnelles qui permettront à tout·e·s d’accéder aux outils et au projet.

Qui peut mobiliser la Boîte Noire ?

Cet outil peut être utilisé :

  • par un pilote de projet pour faire le point sur la conduite du projet
  • par un encadrant ou un pilote de projet au sein de groupes de travail, comme outil d’animation des échanges entre les différentes parties prenantes participant au projet (Directions, OS, DSI, chef de projet, acteurs RH, acteurs prévention, salariés utilisateurs…)
  • pour structurer une présentation ou restitution sur l’avancée ou le bilan d’une transformation, pour mettre en lumière les difficultés (rencontrées ou à venir), les ressources (mobilisées ou disponibles) et les actions à mener.  

Besoin d'accompagnement ?

Vous avez un projet de transformation numérique et voulez le confronter à votre activité ?
Vous souhaitez fiabiliser les investissements numériques en impliquant les salariés à la transformation numérique ?


Vous souhaitez anticiper, avec vos équipes, les impacts organisationnels et humains du projet de transformation numérique ?
Vous avez introduit de nouveaux outils digitaux et souhaitez ouvrir le débat avec vos équipes au sujet de sa performance ? Contactez-nous !

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Sources :
1. Magazine Travail & Changement n° 374 – décembre 2019/janvier 2020 Transformations numériques : prendre la main !
Article Les 10 questions et les pistes de l’Anact pour conduire des projets adaptés aux enjeux de l’entreprise et des salariés publié le 28 janvier 2020 par le Labo Société Numérique
 

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